L'Arétin et l'envoyé de Charles Quint

Information sur l’artiste
Jean Auguste Dominique Ingres [Montauban, 1780 – Paris, 1867]

Date de l’œuvre
1848
Jean-Auguste-Dominique Ingres, L'Arétin et l'envoyé de Charles Quint,1848.
Jean-Auguste-Dominique Ingres,
L'Arétin et l'envoyé de Charles Quint,1848.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Contenu

Ce tableau de petit format représente un épisode sans doute légendaire de la vie de Pietro Aretino (1492-1556), dit l’Arétin. Les pamphlets rédigés par ce célèbre écrivain de la Renaissance, installé à Venise, étaient particulièrement redoutés par les rois et les puissants de son temps. Afin d’acheter son silence à la suite d’un échec militaire, l’empereur Charles Quint lui aurait fait adresser une chaîne en or, que l’Arétin, négligemment assis dans un fauteuil, soupèse ici avec dédain. Il aurait pour toute réponse répliqué à l’envoyé impérial, qui porte la main à son épée, outré de tant d’insolence, qu’il s’agit là « d’un bien mince cadeau pour une si grande sottise ».

 

Par le choix de ce sujet, Ingres affirme l’indépendance du créateur face aux puissants. Il témoigne également du grand succès dans la première moitié du XIXe siècle des représentations d’épisodes de la vie des peintres ou des écrivains du passé, illustrés sur un mode anecdotique. Ainsi, il joue du décor dans lequel il place sa composition pour évoquer l’histoire de la peinture, en plaçant en arrière-plan, sur la gauche, un autoportrait de Titien, artiste très apprécié par l’Arétin. À l’opposé, deux jeunes femmes nues observent la scène en écartant un pan du rideau du lit : elles font référence à la vie licencieuse de l’Arétin, qui semble avoir été surpris en galante compagnie.

 

Une œuvre charnière dans la carrière de l’artiste

 

Dans une quête continuelle de perfection des formes, Ingres aimait tout particulièrement à retravailler sans cesse ses œuvres et les sujets qui lui tenaient à cœur. En 1815, alors qu’il séjourne à Rome, il illustre une première fois le thème de L’Arétin et l’envoyé de Charles Quint (collection privée) par un tableau de même dimensions dans lequel il représente les deux personnages debout, dans une attitude plus raide. Le décor y est sobre, sans tableaux aux murs. Il lui donne pour pendant un tableau illustrant un autre épisode de la vie de l’écrivain, L’Arétin chez le Tintoret (collection privée).

Trente ans plus tard, il choisit de reprendre ces deux thèmes dans des créations bien différentes, témoignant de l’évolution fondamentale de son art durant cet intervalle. Les courbes des lignes recherchent la beauté formelle. La gamme colorée est plus subtile. Le décor s’enrichit de trois tableaux accrochés au mur, parmi lesquels un autoportrait de Titien, tandis que la présence des deux femmes nues évoque l’intérêt constant de l’artiste pour le corps féminin, prélude au Bain turc (Paris, musée du Louvre) qu’il terminera à l’âge de quatre-vingts ans en 1863.

Descriptif de l'œuvre
Description de l’œuvre

1848
Huile sur toile
H. 43 ; L. 34 cm
Achat avec le soutien du Club du musée Saint-Pierre, du Cercle Poussin, du FRAM – Fonds régional d’acquisition pour les musées (Ministère de la Culture-DRAC, Région Rhône-Alpes) et d’une souscription publique en 2012
Inv. 2013.1.1

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Une œuvre charnière dans la carrière de l’artiste

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